Il faut, pour avancer,
Accepter de chuter dans le déséquilibre ;
Pour remplir ses poumons,
Accepter de d’abord les vider ;
Pour vivre,
Laisser mourir celui qu’on a été.
Accueillir sa faiblesse
Parce qu’elle permet d’accueillir celle de l’autre ;
Etre tendre
Parce que la tendresse est ce qui ne construit pas de muraille,
Ce qui se laisse bousculer, émouvoir, toucher.
Sourire,
Ne pas fermer les écoutilles.
Il y a pourtant aussi au fond de nous quelque chose qui parle,
Qu’il faut savoir entendre, d’abord,
Puis écouter.
Entendre cette voix,
La distinguer du brouhaha dont elle s’élève,
Comprendre ce qu’elle exprime,
Accepter ce qu’elle dit :
“Il n’y a – dit-elle – que l’amour qui compte,
Il est l’alpha et l’oméga.
Tout vaut qui a été fait par amour
Et rien ne vaut qui a été fait sans lui.
Il est la seule bonne intention,
La seule mesure des choses.
L’amour est ce qui ne rechigne pas à la peine,
Qui se remet inlassablement à l’ouvrage,
Ne ferme pas la porte, ne tourne pas la page.
L’amour est ce qui maintient.
Il est la perche tendue qui demeure,
L’autre joue offerte,
Le sourire.”
Au fond de soi est l’élan vers l’autre,
Au plus intime des demeures de l’âme,
Ce désir, ce besoin peut-être, de nouer.
De nouer et d’être noué ; d’aimer et d’être aimé :
Désir de dialogue et non de monologue,
Besoin d’échange et non seulement de don.
Donner d’abord et sans contrepartie,
Aimer d’abord et sans condition
Mais il ne faut pas que l’espoir soit tari
Car l’amour nous est chose nécessaire.
“Aimer – me dit l’aimée – Sais-tu de quoi tu parles ?”
– “Oui : de cette chose-là qui conduit aux étoiles,
Par qui tout autre amour advient,
Et qui meurt, très ordinairement,
De la peur de chuter dans le déséquilibre.“