Battlestar Galactica (de Ronald D. Moore)

Ce qui me plaît, au fond, dans la série Battlestar Galactica, c’est l’idée, très banale et très tarte à la crème mais à laquelle je crois profondément, selon laquelle l’intuition, le coeur et les tripes sont de meilleurs guides que la raison, et que c’est seulement en allant au bout de l’incarnation, dans les affres du corps et de la chair, du désir et de la faiblesse, qu’on accède au spirituel, si ce n’est au divin. Ce qui me plaît et qui m’attire dans cette longue histoire, c’est l’espèce d’illustration de la pensée de Pascal contraposée, quelque chose comme : c’est en faisant la bête que souvent on fait l’ange.

Antidote au culte de la performance (d’Olivier Hamant)

Le marché du village a peut-être moins comme fonction de nous permettre d’accéder à des biens divers que de nous donner l’occasion de croiser la crémière et son joli sourire : imaginer que les choses et les êtres, les projets et les systèmes sont univoques, faits pour ceci ou cela, et que c’est à cette seule aune qu’ils devraient être évalués, c’est faire preuve d’une incompréhension totale et délirante du monde.

La Belle est la Bête

C’est pour avoir accepté de se mettre à nu, de découvrir l’épaisse toison ténébreuse que recouvrait sa peau d’homme propre sur soi que le prince non seulement peut gagner l’amour de Belle mais devient prince et d’abord homme. Et il le devient non seulement de mettre au jour cette partie enfouie de sa nature, mais d’accepter, de vivre sa sauvagerie, de connaître les tourments, les déchirements, les plaisirs et les remords que provoque cette plongée au cœur des ténèbres.

L’invention de la famille (de Sonia David)

Quelle est cette chose dont nous nous nourrissons et nous libérons tout à la fois pour devenir nous-mêmes, cet être singulier et pourtant si empli des autres, de ce long et large maillage dont nous ne sommes qu’un des maillons ; qu’est-ce qui, en nous et en ces liens, fait famille ?

Vive (de Joséphine Chaffin)

À Avignon, une scène qui ressemble à un tribunal, un tribunal qu’éclaireraient des lumières de ring. Une petite fille de sept ans qu’émerveillent les alexandrins y apprend Le Loup et l’agneau. Agneau, elle l’est, agneau dont le loup-père abuse (curieux euphémisme), abuse pendant des années, toutes les années  d’école, avant qu’elle ne le morde.

Manières d’être vivant (de Baptiste Morizot)

Il n’y a de véritable et complète existence, il n’y a de véritable et complet nous-mêmes que dans cette relation, cet entrelacement noué avec les autres êtres : nous sommes, nous ne sommes et les autres ne sont que cela : cette part d’un tout qui vibre et saigne à tout retranchement.

Alice Milliat

Alice Milliat est celle qui, tenant tête à Pierre de Coubertin qui n’avait ouvert les Jeux olympiques aux femmes que dans cinq sports : tennis, voile, croquet, équitation, patinage artistique, combattit pour que toutes les épreuves aient leur volet féminin ;  créa, devant le refus du CIO, les Jeux mondiaux féminins, qui prenaient place eux aussi tous les quatre ans, et obtint enfin que les femmes puissent concourir en athlétisme aux Jeux olympiques de 1928.

Sur la route (de Jack Kerouac)

« Bon, on va tous sortir mater le fleuve et les gens et puis sentir l’odeur du monde », déclare, dans Sur la route, Neal Cassady à la petite bande qui traverse avec lui l’Amérique tandis que la voiture et ses passagers viennent d’embarquer sur un ferry qui, de la Nouvelle Orléans, va les transporter en face, à Algiers, sur l’autre rive du Mississippi.

La France sous leurs yeux

Une nouvelle fois, on se prend à rager : tous ces êtres, tous ces êtres si différents, qui n’aspirent qu’à une vie paisible et douce, et qui sont ballottés, déchiquetés parfois par l’existence, écrasés et rendus fous, méchants, violents, haineux, par l’égoïsme, l’orgueil, l’indifférence, la peur.