Vive (de Joséphine Chaffin)

À Avignon, une scène qui ressemble à un tribunal, un tribunal qu’éclaireraient des lumières de ring. Une petite fille de sept ans qu’émerveillent les alexandrins y apprend Le Loup et l’agneau. Agneau, elle l’est, agneau dont le loup-père abuse (curieux euphémisme), abuse pendant des années, toutes les années  d’école, avant qu’elle ne le morde.

Manières d’être vivant (de Baptiste Morizot)

Il n’y a de véritable et complète existence, il n’y a de véritable et complet nous-mêmes que dans cette relation, cet entrelacement noué avec les autres êtres : nous sommes, nous ne sommes et les autres ne sont que cela : cette part d’un tout qui vibre et saigne à tout retranchement.

Sur la route (de Jack Kerouac)

“Bon, on va tous sortir mater le fleuve et les gens et puis sentir l’odeur du monde”, déclare, dans Sur la route, Neal Cassady à la petite bande qui traverse avec lui l’Amérique tandis que la voiture et ses passagers viennent d’embarquer sur un ferry qui, de la Nouvelle Orléans, va les transporter en face, à Algiers, sur l’autre rive du Mississippi.

La France sous leurs yeux

Une nouvelle fois, on se prend à rager : tous ces êtres, tous ces êtres si différents, qui n’aspirent qu’à une vie paisible et douce, et qui sont ballottés, déchiquetés parfois par l’existence, écrasés et rendus fous, méchants, violents, haineux, par l’égoïsme, l’orgueil, l’indifférence, la peur.

Le facteur K (d’Aurélien Barrau)

Quelque chose suinte et grossit, qui transforme progressivement nos victoires en défaites, nos progrès en régressions, et salit nos fiertés d’un motif de honte. Quelque part, on ne sait pas très bien comment ni pourquoi, quelque chose en nous s’est emballé, et la lumière qui nous guidait, qui éclairait le chemin en en chassant les ombres, est devenue aveuglante.

Le problème à trois corps (de Liu Cixin)

Ce qui est passionnant (j’en reviens ici à mon introduction), c’est la réflexion en abyme ouverte par le livre. On pourrait en effet considérer Le problème des trois corps, qui met constamment en scène l’armée chinoise, comme un chaînon dans une guerre cognitive douce que, par littérature, cinéma ou réseaux sociaux interposés, se livreraient déjà certaines grandes puissances.

L’Art de la joie (de Goliarda Sapienza)

L’Art de la joie est l’histoire de Modesta, une sicilienne née au début du XXème siècle, qu’on découvre lorsqu’elle a quatre ans et qu’elle tente de ne pas être totalement écrasée par la misère et l’horizon de désespoir que referment sur elle sa mère crasseuse et sa sœur trisomique, et qu’on suit jusqu’à la soixantaine, ayant surmonté et s’étant aguerrie, enrichie, épanouie de tous les accidents, de tous les malheurs, de toutes les rencontres et de toutes les amours vécues.

Bernard Marx et le meilleur des mondes

Je crois que je me suis depuis toujours identifié à Bernard Marx, le héros pas très glorieux du Meilleur des mondes. Et je crois aussi que j’ai toujours ressenti un certain attrait pour ce Brave new world, pour ce monde qui, s’il relève en partie du cauchemar, a aussi pour lui d’être simple, infiniment simple à vivre.