Une nouvelle fois, on se prend à rager : tous ces êtres, tous ces êtres si différents, qui n’aspirent qu’à une vie paisible et douce, et qui sont ballottés, déchiquetés parfois par l’existence, écrasés et rendus fous, méchants, violents, haineux, par l’égoïsme, l’orgueil, l’indifférence, la peur.

(c) Olivia Gay et {BnF

C’est une magnifique exposition dont on sort bouleversé – dont je suis sorti bouleversé et ravi. Ravi comme le personnage des santons de Provence, qui sans doute était depuis toujours un peu simplet mais que sa rencontre avec l’enfant divin a dépris de lui-même. Et c’est bien ainsi que j’étais : ravi à moi-même, complètement heureux et plein de confiance, d’empathie, d’affection, pour les femmes et les hommes qu’on découvre dans ces photos, et pour celles et ceux qui, avec patience, avec justesse, avec  intelligence, avec amour, ont su les voir, les découvrir, les dévoiler, les révéler.

C’était une commande passée par le ministère de la Culture au lendemain de la crise du Covid : dresser, à travers les yeux de deux cents photographes, un portrait, une radioscopie de la France et des Français, de ces Français qui, après le grand enfermement, se redécouvraient les uns les autres, redécouvraient le plaisir de sortir et d’être ensemble mais aussi le quotidien, un quotidien tressé d’ombre et de lumière, de peines et de joies.

Les deux cents lauréats ont eu sept mois pour réaliser leur reportage, trois pour en assurer la post-production (sélection des images, tirage, rédaction des légendes) et c’est une partie du résultat qui est présenté, magistralement présenté à la BnF, sur le site François Mitterrand.

C’est une grande exposition : quelque 450 photos s’affichent le long d’un parcours spiralé parlant de Libertés, d’Égalités, de Fraternités puis de Potentialités, car rien de cela n’est mort, tout cela vit et ne demande qu’à vivre, vivre et battre encore et toujours.

Les portraits, qui montrent toute la diversité, la splendide et émouvante diversité de ce peuple qui chaque jour se construit, chaque jour choisit l’être ensemble, chaque jour souffre, lutte, rit, pleure, court, prie, joue, travaille, les portraits sont beaux à pleurer. Il y a tant d’humanité, tant de simplicité, tant de dignité dans ces femmes, ces hommes, ces enfants !

Et une nouvelle fois, on se prend à rager : tous ces êtres, tous ces êtres si différents, qui n’aspirent qu’à une vie paisible et douce, et qui sont ballottés, déchiquetés parfois par l’existence, écrasés et rendus fous, méchants, violents, haineux, par l’égoïsme, l’orgueil, l’indifférence, la peur.

Regardez-vous, regardons-nous dans ce miroir tendu ; et que leurs yeux deviennent  les nôtres.

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