L’Art de la joie (de Goliarda Sapienza)

L’Art de la joie est l’histoire de Modesta, une sicilienne née au début du XXème siècle, qu’on découvre lorsqu’elle a quatre ans et qu’elle tente de ne pas être totalement écrasée par la misère et l’horizon de désespoir que referment sur elle sa mère crasseuse et sa sœur trisomique, et qu’on suit jusqu’à la soixantaine, ayant surmonté et s’étant aguerrie, enrichie, épanouie de tous les accidents, de tous les malheurs, de toutes les rencontres et de toutes les amours vécues.

Bernard Marx et le meilleur des mondes

Je crois que je me suis depuis toujours identifié à Bernard Marx, le héros pas très glorieux du Meilleur des mondes. Et je crois aussi que j’ai toujours ressenti un certain attrait pour ce Brave new world, pour ce monde qui, s’il relève en partie du cauchemar, a aussi pour lui d’être simple, infiniment simple à vivre.

Koyaanisqatsi

Les humains mis à part, pas d’animaux dans cette heure et demie d’images qui défilent : nous sommes devenus le seul vivant, le seul maître des choses, un démon terraformeur, constructeur et destructeur, seul être qui ait encore sa place sur cette planète tissée de réseaux.

Elizabeth Costello (de J. M. Coetzee)

Certes, vaches, moutons et poulets ne sont pas des humains, non plus que les chimpanzés ou les bonobos, qu’on met pourtant en cage et qu’on utilise pour des expériences. Mais où est la différence radicale qui rendrait acceptable dans un cas ce qui ne l’est pas dans l’autre ?

Une chambre à soi (de Virginia Woolf)

Une chambre à soi, a titré Clara Malraux, la traductrice, là où le texte anglais ne parlait que de room. Mais elle a sans doute eu raison, Clara, qui s’y connaissait en fait d’encombrement de l’espace et d’étouffement par les hommes, de traduire ainsi. Car ce n’est pas seulement un bureau qui, pour Virginia Woolf, a manqué aux femmes, mais une vie, la possibilité d’une vie autonome.

Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce

On ne soulignera jamais assez que la révolution ne sert à rien si elle n’est pas inspirée par son idéal ultime. Les méthodes révolutionnaires doivent être en harmonie avec les objectifs révolutionnaires. Les moyens utilisés pour approfondir la révolution doivent correspondre à ses buts. En d’autres termes, les valeurs éthiques que la révolution infusera dans la nouvelle société doivent être disséminées par les activités révolutionnaires de la période de transition.

Le Mont Analogue

Le Mont Analogue est cette montagne, la plus haute du globe, qui s’élève, invisible, au milieu des mers antipodiques, et qui ne se révèle, comme les péradams, qu’à ceux qui s’en sont montrés dignes (et ont peut-être été, pour cette raison, élus).

Pieds nus sur la terre sacrée : analogie, analyse, nature et domination

De cette capacité algorithmique à décomposer et à décrire le monde, les esprits analytiques tirent un profond sentiment de supériorité, que vient confirmer leur maîtrise incontestable des sciences et des technologies. Pas un seul instant, les Européens et les néo-Américains n’imaginent qu’ils aient, de leur côté, quelque chose à apprendre des Indiens ; cette hypothèse ne leur traverse pas l’esprit, elle leur est strictement inconcevable. C’est pourquoi ils agissent avec l’extraordinaire condescendance qu’on sait, persuadés d’être ceux qui apportent la lumière au monde.

La montagne magique (de Thomas Mann)

Hans Castorp, un jeune Hambourgeois qui se destine à une carrière d’ingénieur naval, rend visite à son cousin, Joachim, soigné dans un sanatorium de Davos, en Suisse. Venu pour un séjour de trois semaines, il demeurera sept ans dans la montagne. Et c’est là, en haut, loin de la société et des préoccupations ordinaires, qu’il grandira, se découvrira, s’épanouira à la vie et au monde.