Quelques strophes lues de Eve, première mortelle, cet immense et magnifique poème de Charles Péguy, qui dit la femme et sa grandeur, l’homme et sa chute, racontés au travers du destin d’Eve, première femme, qui, contrairement à tous et toutes les autres, « a connu d’innover le malheur » :
Et moi je vous salue ô première pauvresse.
Vous savez ce que c’est que d’avoir innové.
Les autres n’ont connu qu’un plateau de détresse.
Vous savez ce que c’est que d’avoir inventé.Seule vous avez pu faire la différence,
Mesurer l’Océan d’avec un pauvre port.
Il fallut demander à la jeune espérance
Ce qui jusqu’à ce jour était donné d’abord.Les autres n’ont connu que d’être malheureux.
Vous avez innové d’entrer dans le malheur.
Les autres n’ont connu que d’être douloureux.
Vous avez inventé d’entrer dans la douleur.Les autres n’ont connu que le commun niveau.
Mais vous avez connu le dénivellement.
Les autres n’ont connu qu’un pauvre caniveau.
Mais vous avez connu le grand ruissellement.Les autres n’ont connu qu’un périssable sort.
Vous avez innové l’autel et l’hécatombe.
Les autres n’ont connu qu’une commune mort.
Vous avez inventé d’entrer dans cette tombe.
L’image représente la Vierge de Pitié des Recollets, une statue du début du XVIème siècle qui se trouve au Musée des Augustins, à Toulouse.
[…] la réalité est que Ève et Marie sont les deux faces du même être et de la même réalité. Non pas seulement deux faces de la femme mais deux faces du monde pris […]
[…] aussi, comme Ève, exprime ce besoin de nous mettre au centre de […]
[…] rappeler notre imperfection, notre finitude, comme dans ce reproche que Charles Péguy jette à Ève […]
[…] Suit, dans l’audio, la lecture des premières strophes de Eve. […]
[…] : Vertu plus féminine que masculine, observe Péguy dans Ève. Non que les femmes y soient intrinsèquement plus douées mais parce que les hommes (comme les […]