“Tu crois que j’ai quelque chose a donner. C’est mal formulé. Mais j’ai moi aussi une espèce de certitude intérieure croissante qu’il se trouve en moi un dépôt d’or pur qui est à transmettre. Seulement l’expérience et l’observation de mes contemporains me persuade de plus en plus qu’il n’y a personne pour le recevoir.”
Ce passage sur l’amour qu’on a pour celui dont on attend maux et biens, dont on dépend absolument et qui nous traite comme sa créature, est d’un réalisme, d’un cynisme effrayants. De quelle terrible expérience Simone Weil a-t-elle tiré cette vision noire et amère, servile, dégradante de l’amour ? Cette vision qui fonde ensuite sa conception sadomasochiste des rapporrs entre hommes et Dieu ?
Il existe des tyrans, il existe des chaînes, il existe de la cruauté. Mais le plus souvent, ce que nous désignons ainsi n’est que l’émanation de nous-même, une chose que nous nourrissons en nous et que nous désignons comme autre par abus de langage
La conscience est ce qui transcende toutes les règles, toutes les apparences, toutes les excuses, tous les faux-semblants et les faux-fuyants derrière lesquels nous nous réfugions ordinairement pour nous épargner le fardeau de la liberté ; la conscience, c’est l’exercice de la liberté.
En 1938, Georges Bernanos dénonce, dans Les grands cimetières sous la lune, les horreurs commises, parfois au nom de la défense de la religion, par les troupes nationalistes qui soutiennent le coup d’Etat du général Franco. Simone Weil, elle-même revenue d’Espagne où elle a combattu quelques mois auprès des troupes anarchistes qui défendent la République, lui répond. Elle lui …
“La seule force et la seule vertu est de se retenir d’agir“, écrit Simone Weil dans une petite dissertation qu’elle consacre, alors qu’elle a seize ans et vient d’entrer en hypokhâgne, aux Six cygnes, le conte des frères Grimm. C’est ce devoir que je lis à haute voix dans l’enregistrement ; on en trouvera le texte plus bas. Simone Weil …
“La grande douleur de la vie humaine, c’est que regarder et manger soient deux opérations différentes.“ observe Simone Weil dans le passage que je lis, qui est consacré à la beauté, et qui est extrait du petit texte intitulé “Formes de l’Amour implicite de Dieu“. On sait que la beauté est contenue dans le spectacle qu’elle donne ; …
Les premières pages de L’enracinement, de Simone Weil, ici enregistrées, parlent des droits et devoirs, et plus précisément de la façon dont les droits n’accèdent à l’existence qu’à la condition d’avoir été subjectivement regardés et mis en oeuvre comme des devoirs. Droits et devoirs sont les deux faces d’une même réalité (je n’ai de droits que dans la mesure où les …
Simone Weil, dans l’essai intitulé Formes de l’Amour implicite de Dieu, consacre quelques belles pages à l’amitié, cet “amour personnel et humain qui est pur et qui enferme un pressentiment et un reflet de l’amour divin.” Ce sont ces pages que je lis. Pour Simone Weil, l’amitié a ceci de miraculeux qu’elle dépasse, transcende, abolit, l’ordinaire mouvement qui transforme les attachements …
Réflexions sur le bon usage des études scolaires en vue de l’Amour de Dieu est un petit texte écrit par Simone Weil au début de la Deuxième guerre mondiale. Il est consacré à l’attention, faculté dont la formation « est le but véritable et presque l’unique intérêt des études », dit ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas, parle des nombreuses vertus, enfin, …