Laureline, Mara et autres héroïnes

J’aime bien Laureline. Elle est pétillante, dynamique, réfléchie, intelligente, sage, jolie, curieuse, tendre, moqueuse, fragile et terriblement forte, incarnant à elle seule l’inatteignable polysémie que les hommes, parfois, attendent des femmes qu’ils aiment. C’est dire à la fois leur folie et leur détresse.

Venise sauvée (de Simone Weil)

Ce passage sur l’amour qu’on a pour celui dont on attend maux et biens, dont on dépend absolument et qui nous traite comme sa créature, est d’un réalisme, d’un cynisme effrayants. De quelle terrible expérience Simone Weil a-t-elle tiré cette vision noire et amère, servile, dégradante de l’amour ? Cette vision qui fonde ensuite sa conception sadomasochiste des rapports entre hommes et Dieu ?

Elégie de Marienbad

C’est cette fonte de l’indifférence accumulée par le temps et l’ennui que, sauf à être irrémédiablement endurci, chacun espère à chaque instant : cette irruption de l’amour qui tellement ébranle et bouleverse qu’elle met bas toutes nos défenses, tous nos replis, brise toutes les murailles que l’égoïsme avait élevées, anéantit toutes les certitudes et précautions dans lesquelles nous nous étions engourdis, permettant au flux de la vie de reprendre son cours arrêté.

La pureté, inversion maligne de l’innocence

L’une des inversions malignes les plus classiques et les plus meurtrières a donné naissance à l’idée de pureté. La pureté est l’inversion maligne de l’innocence. L’innocence est amour de l’être, acceptation souriante des nourritures célestes et terrestres, ignorance de l’alternative infernale pureté-impureté. De cette sainteté spontanée et comme native, Satan a fait une singerie qui lui ressemble et qui est tout l’inverse ; la pureté

Ayn Rand : La grève (Atlas shrugged)

Le discours d’Ayn Rand est un hymne débridé à l’argent, au dollar et à la recherche égoïste du profit ; sa philosophie est scandaleusement industrialiste, productiviste et totalement déconnectée de nos préoccupations écologiques et planétaires ; elle est l’auteure favorite de Donald Trump, l’héroïne des Libertariens, et probablement l’égérie des
Qanons ; il n’empêche : La grève est un monument qui permet de jeter un regard neuf et acéré  sur nos travers les plus intimes

« Ce que le courage du pêcheur doit au rocher battu par la mer »

Le plus grand plaisir que procurent les champs et les bois est la secrète relation qu’ils suggèrent entre l’homme et les végétaux.

Monsieur Madeleine et la conscience

La conscience est ce qui transcende toutes les règles, toutes les apparences, toutes les excuses, tous les faux-semblants et les faux-fuyants derrière lesquels nous nous réfugions ordinairement pour nous épargner le fardeau de la liberté ; la conscience, c’est l’exercice de la liberté.