Que pouvons-nous espérer au bout de ce pèlerinage ? A peine un soupçon de Son souffle, peut-être un écho de Son pas.
Catégorie : Littérature
Prendre sur soi et affronter ce qui nous est donné, pour sauver ce qui peut l’être, pour sauver ceux qui peuvent l’être, sans illusion et sans fierté, sans rodomontades et sans éclat mais avec abnégation et tendresse, qui sont les fils avec lesquels se tisse la dignité
La modération de Shangri-La n’est pas un scepticisme généralisé mais plutôt une façon de reconnaître l’imbrication des choses et l’impossibilité dans laquelle nous sommes le plus souvent – même si pas toujours ! – de distinguer non pas le mal du bien mais le tracé exact de la ligne les séparant.
Le mépris, d’Alberto Moravia, raconte la progressive découverte, par un homme, de ce qu’il sait déjà, de ce qu’il sait depuis le début. C’est le récit d’un déni qui s’achève, pareil à celui que nous ressentons face au monde qui s’abîme, le voyant se déliter sans cependant y croire vraiment, écartelés que nous sommes entre l’aveuglement, le refus de la culpabilité, une précoce nostalgie et une trop tardive espérance.
L’épaisseur du monde, c’est la conscience d’une interaction difficile : tout est imbriqué dans ce jeu de billard à mille bandes où volent des effets-papillons et où les choix ne sont simples que pour ceux qui ne voient que la surface des choses.
On se rendit compte progressivement – comme on peut parfois avoir l’impression de le vivre aujourd’hui – que l’Empire riche et dominant allait à sa perte, et que le seul moyen de lui survivre était de s’en détacher, et de bâtir, à l’écart des grandes routes et des grandes villes impériales, des villages éloignés du progrès mais qui, pour cette raison, gagneraient en résilience.
Il croit à la nature, y compris la nature humaine, que vous tous ne faites que calomnier, il croit que l’on peut encore agir, sauver quelque chose, que tout n’est pas irrémédiablement voué à la destruction.
Depuis toujours, Antigone m’horripile avec son orgueil et son mépris du bonheur. Mais je l’aime. Je l’aime et me dis parfois que son insupportable orgueil n’est que l’autre nom de la liberté.
Le plaisir véritable est plaisir de convive. Le sauvetage n’était que l’occasion de ce plaisir. L’eau n’a point le pouvoir d’enchanter, si elle n’est d’abord cadeau de la bonne volonté des hommes.