Histoire de Charles-Roger

Lorsqu’elle avait une trentaine d’années, mon arrière grand-mère, Henriette, qui avait passé son enfance et sa jeunesse dans son Ariège natale puis qui, à 18 ans, avait émigré avec ses parents en Argentine, était revenue depuis peu en France et travaillait, comme couturière et un peu dame de compagnie, dans une grande famille dotée d’un grand nom. Elle eut, probablement …

Eve, première mortelle

Quelques strophes lues de Eve, première mortelle, cet immense et magnifique poème de Charles Péguy, qui dit la femme et sa grandeur, l’homme et sa chute, racontés au travers du destin d’Eve, première femme, qui, contrairement à tous et toutes les autres,  « a connu d’innover le malheur » : Et moi je vous salue ô première pauvresse. Vous savez ce que c’est …

Tintin au Tibet : un sage en action

J’ai longtemps lu (jusqu’à hier) Tintin au Tibet comme un album d’aventures prenant place au pays du Dalaï Lama, tirant profit de ses paysages grandioses et mettant en scène le bouddhisme et ses moines comme un décor, un élément de contexte. Le bouddhisme de Tintin au Tibet, il se résumait pour moi à l’image de Foudre bénie lévitant au dessus …

Moucharabiehs

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Dehors et dedans
Souvent s’entremêlent.
Il en naît des moucharabiehs
Dans les courbes desquels
J’aime vagabonder :
Intérieur/extérieur du ruban de Moebius,
Vide faisant tourner la roue au coeur de son moyeu ;
Absence qui surgit au coeur de la présence,
Présence qu’on perçoit au tréfonds de l’absence,
Et tes lèvres,
Qui sont le monde et qui sont toi.

Le drapeau

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Rue de Grenelle, ce matin,
Une culotte se dévoilait
Au bout de longues cuisses que découvrait le vent.

Sous la brise, la robe ondulait,
Bleue et mouvante comme une vague
Qu’emportait plus avant la houle des mollets
Montant et descendant au rythme des pédales.

En ce surlendemain de Quatorze juillet,
Les trois couleurs passaient devant les ministères :
Robe bleue, culotte blanche, vélo rouge.

Je préfère ce drapeau à ceux des défilés.

Détour

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C’était autour du Luxembourg (le jardin), dans ces deux tours hebdomadaires dont je me dis chaque fois qu’un jour viendra peut-être où ils deviendront trois mais qui sont pour le moment deux et aiment à le rester.

Je m’étais dit que je ne me ferais pas violence, que j’irais à mon rythme, sans chercher à le dépasser. C’est donc tranquillement que je courus, nonchalamment, attentif malgré tout aux fleurs qui venaient d’être plantées, aux massifs rajeunis qui faisaient éclater leurs couleurs sur mon passage.

Quand les deux tours se terminèrent, je regardai ma montre et constatai que j’avais été plus rapide qu’à l’ordinaire.

C’est la première fois que je vivais cette expérience qu’évoquent parfois les contes et dont l’aimée m’avait parlé : c’est souvent quand on ne cherche plus à être rapide qu’on l’est, c’est souvent quand on a abandonné un objectif qu’on l’atteint.

J’avais connu cela dans le domaine de la mémoire et de l’oubli : il faut souvent, pour se souvenir d’une chose, focaliser son attention non sur la chose elle-même mais sur un à-côté et laisser ensuite l’esprit rétablir seul les liaisons manquantes, achever seul le tableau laissé inachevé. Cette attention détournée est plus efficace que l’attention directe.

C’est la première fois, cependant, que j’expérimentais ce même phénomène dans mon corps. Et de façon si éloquente : c’est quand on ne poursuit plus un objectif qu’on l’atteint et, plus radicalement, quand on ne cherche plus qu’on trouve.

Ou pour dire les choses autrement : le détour est souvent le meilleur moyen d’arriver à bon port. Et c’est parfois le seul.

Walden (de Henry. D. Thoreau)

C’est après avoir vu Into the Wild, de Sean Penn, que l’envie m’est venue de lire Walden ou la vie dans les bois, ce livre de Henry David Thoreau que Christopher McCandless, le héros d’Into the Wild, emporte dans son périple. Ce livre présente, plus qu’il ne raconte, les deux années passées par son auteur dans une cabane construite de …